La vigne, c’est cette merveilleuse liane qui nous offre, à chaque récolte, le plaisir de la dégustation et la surprise d’un savoir-faire. Merveilleuse plante oui, mais fragile est la vigne. Sujette à pas mal d’intempéries déjà (dont nous n’avons cessé de parler cette année), la vigne peut également, comme tout organisme vivant, tomber malade. On compte des dizaines et des dizaines de maladies susceptibles de toucher la vigne, comme c’est le cas de l’esca, malheureusement de retour sur nos vignobles depuis quelques années ! 3, 2, 1, Description et guérison !
Non, l’esca n’est pas la dernière école de commerce à la mode comme on pourrait le penser (ahem ahem), mais l’une des premières maladies de la vigne, si ce n’est la plus vieille de toute : tout simplement une maladie cryptogamique provoquant l’apoplexie de la vigne ! Explications : en gros, cela veut dire que des champignons s’installent dans le pied de vigne. C’est donc une maladie qui arrive par le bois, provoquant une dégradation, voir un dépérissement complet de ce dernier, c’est une forme de nécrose de la colonne vertébrale de notre plante sacrée…
Les champignons qui s’y attaquent sont plusieurs. On en compte 3 principaux, trouvant leurs origines à l’époque gréco-romaine ! Oui, ils sont tenaces, et comme tous les champignons, ils se développent sous l’humidité et s’accentuent sout de fortes chaleurs. Miam ! Ils se développent, certes, mais où trouvent-ils la porte d’entrée pour s’installer ? Eh bien le plus souvent, la contamination se fait par de grosses plaies de taille, faites par le vigneron pendant un hiver un peu trop doux et un peu trop pluvieux. A partir de là, les champignons prennent leurs aises dans la plaie et se développent tout au long de l’année.
NB : je pose les noms de ces champignons là pour ceux que ça intéresse : le Phaemoniella Chlamydospora / Le Phaeocremonium aleophilum / Le Famitiporia (lui responsable de l’amadou… pas d’inquiétude, nous en reparlerons plus tard).
Pour le rhume, on a le nez bouché, du mal à respirer, etc. Pour l’Esca, c’est pareil, des symptômes sont observables assez rapidement, sur les feuilles d’abord, puis sur les bois.
Ces symptômes, une fois observés, vont très vite se répandre sur tout le pied de vigne et, en général, le vigneron observe l’étendue des dégâts sur son vignoble au mois d’Aout qui suit la contamination. En France, l’une des régions les plus touchées est la Loire et son cabernet franc (4% des vignes y furent arrachées en 2012). Le savagnin dans le Jura est lui aussi très sensible à l’esca, et j’en passe.
Jusqu’aujourd’hui, l’arrachage des pieds de vigne malades semble être l’unique solution pour éradiquer l’esca d’un vignoble. Pourtant, cette solution radicale – tout comme l’arsénite de soude préventif, interdit en 2011 – n’est pas la seule ! Oui, il existe des méthodes de prévention et de guérison contre l’esca, comme mettre une écharpe pour éviter le rhume, ou prendre un Fervex pour qu’il s’en aille.
Concernant la prévention, elle peut se faire de trois façons différentes :
Il est bien sur compliqué de penser ces opérations lorsque plusieurs hectares d’un même vignoble sont touchés par la maladie, la main d’œuvre étant extrêmement importante. Néanmoins, ce regard est un espoir pour les bois malades, qui n’ont finalement pas pour unique avenir la poubelle. Ce regard est par ailleurs excellemment rapporté par Denis Dubourdieu dans une vidéo (plus bas) sans laquelle cet article n’aurait été complet. C’est avec une pensée émue pour ce grand œnologue que cet article voit le jour, car Denis Dubourdieu nous a quitté le 26 Juillet 2016. Cet artiste du vin a partagé avec nous ses connaissances, en contribuant notamment à remettre au goût du jour de jolies solutions pour lutter contre l’esca.
Source de la documentation :
Vidéo présentée par Denis Dubourdieu et les maîtres tailleurs Simonit&Sirch
Institut des Sciences de la Vigne et du Vin
Institut Français de la Vigne et du Vin.
Mélany Bachmann (caviste)