Oenologie - L'histoire des relations franco-américaines dans le monde du vin - Les Grappes

L'histoire des relations franco-américaines dans le monde du vin

1) Thomas Jefferson : le premier ambassadeur des vins français aux USA

L’histoire des vins américains commence lorsque les « huguenots » (protestants français, opposés aux catholiques pendant la guerre de religion de la seconde moitié du XVIe siècle) commencent la culture de la vigne en Caroline du Sud. Mais la vraie passion que l’Amérique cultive autour des vins a commencé avec Thomas Jefferson, un passionné convaincu du vin français.

Le président américain, reconnu par les historiens comme l’un des personnages les plus importants de la construction des Etats-Unis par sa contribution primordiale à la déclaration d’indépendance, était un amateur de vin français : « Il a exprimé une préférence pour les vins français, en particulier certains Bourgognes, Bordeaux, Champagnes et Rhônes, et a souvent insisté sur des millésimes particuliers. (Thomas Jeferson sur les vins, JR. Hailman – 2009)
Ambassadeur du gouvernement américain à Paris de 1784 à 1789, le jeune Thomas Jefferson a eu plusieurs occasions d’expérimenter les meilleurs vins de France. De retour aux Etats-Unis, il commande des caisses de Bordeaux, Sauternes et Champagnes à la Maison Blanche pour fournir des boissons de qualité aux dîners officiels. Il a également expérimenté lui-même la vinification, plantant et cultivant des cépages européens Vitis Vinifera dans sa propriété de Monticello, en Virginie.

Le père fondateur a transmis sa passion à l’élite américaine, et a finalement créé une tendance de passionnés de vins français dans le pays qui est toujours présent aujourd’hui : « Dans sa sélection quotidienne de vins de table, Thomas Jefferson a été un précurseur des buveurs de vin américains d’aujourd’hui  » (Hailman – 2009)
Les bases d’une relation commerciale durable entre les Etats-Unis et la France sur le marché vitivinicole ont été jetées.

2) La contamination du vignoble français par le phylloxéra

Dans les années 1870, un petit insecte jaune s’est introduit en Europe et a commencé à ravager les vignobles à un rythme alarmant. Progressant à une vitesse d’environ 64 kilomètres par an, il s’attaque aux racines des espèces de vitis vinifera et finit par détruire des milliers d’hectares de 9 vignes. En 1881, des chercheurs de l’Université de Montpellier, dans le sud de la France, ont découvert que les variétés américaines de Vitis étaient résistantes à l’insecte. Les viticulteurs ont commencé à importer massivement des vignes américaines, à greffer des plants de vitis vinifera sur des porte-greffes de variétés américaines. Ce processus coûteux et long reste aujourd’hui le seul moyen d’éviter que les variétés européennes de vitis vinifera ne soient atteintes par cet insecte, encore présent dans presque toutes les régions du vieux monde. Pour remercier les Etats-Unis de leur contribution à la sauvegarde du vignoble français, les Français invitent les meilleurs vignerons américains à présenter leurs produits à l’Exposition Universelle en 1889. Cet événement a été le premier du genre à placer les Etats-Unis sur le devant de la scène internationale du vin : vingt prix ont été décernés à des vins américains.

Néanmoins, la production vinicole américaine a réellement commencé à se développer au cours des années 1960 (fortement ralentie pendant la période d’interdiction). Les vignerons californiens ont adopté les techniques de production utilisées en France tout en les mélangeant avec la méthode développée par des chercheurs américains.

3) Le « Jugement de Paris » : la fin de la suprématie des vins français ?

Témoin d’une amélioration constante de la qualité des vins californiens, Steven Spurrier, négociant britannique basé à Paris, a organisé une dégustation de vins où les meilleurs vins français s’affrontaient à leurs homologues américains. Un jury composé de spécialistes de la dégustation est créé et invité à Paris en juin 1976. Chaque juge a reçu une carte de pointage pour juger les vins, et avant le début de l’événement, tout le monde s’attendait à ce que les vins français surclassent facilement les Californiens. Cependant, au fur et à mesure que la dégustation progressait, Taber (2005) a noté que  » les juges devenaient totalement confus en dégustant les vins blancs « . Le jury ne pouvait pas faire la différence entre les Français et les Californiens… A un moment donné, Raymond Oliver était certain qu’il venait de cracher un vin français, alors qu’en fait, c’était un vin californien de Freemark Abbey ». Finalement, deux vignobles américains ont reçu les premiers prix : Château Montelena pour son vin blanc, et les Caves du Cerf pour le rouge. Tabber parle de l’événement dans le Times dans un article intitulé The Judgement of Paris : « A Paris, lors d’une dégustation de vins organisée par Spurrier, l’impensable est arrivé : La Californie a battu toute la Gaule » (Taber – 2005)

Cependant, la réaction des médias français autour de l’événement a été particulièrement modérée. La panéliste Odette Khan a écrit un article dans la Revue des Vins de France intitulé « Sur le thème d’un petit scandale », traitant principalement de la légitimité de la procédure de dégustation… Les articles du Figaro et du Monde suivent la même logique.

Les réactions des médias américains ont été beaucoup plus vigoureuses. En ce qui concerne la version de Taber de l’événement, de nombreux journaux régionaux ont fait état de l’événement et de ses résultats, mais l’article n’a jamais été publié dans la presse nationale.

Le rôle de Taber dans cette confrontation entre les vins français et californiens était essentiel : s’il n’avait pas été le seul journaliste présent ce jour-là, le souvenir de l’événement aurait été beaucoup plus subjectif.

Le journaliste revient sur cet épisode : « Si personne de la presse n’avait été présent, il aurait été beaucoup plus facile pour les Français et les autres de nier ou de déformer ce qui s’était passé. (Négocier les valeurs dans les industries créatrices, Brian Moeran et J.S. Pesersen – 2011)

Après avoir analysé l’histoire des relations entre les Etats-Unis et la France sur le marché du vin, il est essentiel de comprendre comment la réputation des vignerons français est devenue si populaire dans le monde. En effet, le vin est un élément crucial de l’image de la France, déterminant clé du pays français.
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Charles Bonnay

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